Beauté Plastique

Ptit stage de BD mansonien de début de vacances. D'abord, l'histoire. L'idée m'était déjà venue un peu avant le stage, du coup tout coulait de source. La première image qui m'était venue était une pomme puis une analogie de cette pomme parfaite et bien huilée, une Pink Lady par exemple, avec le popotin d'une charmante demoiselle à la carrosserie arrière bien calibrée. C'était l'histoire d'un monde futuriste où toute activité devait tenir dans sa petite case bien carrée. Un monde asphyxié de conventions, aux habitants névrosés, refaits de la tête aux pieds, et dont les proportions physiques atteignaient des sommets d'extravagances qui donnaient aux rues pavées de plastique des allures de sculptures modernes animées. Ses habitantes, "pommées" du popotin, se rencontreraient donc initialement dans un  supermarché pour acheter leurs Pink Lady, fruit essentiellement composé de fibres facilitant le transit intestinal, diminuant les risques de cancer du colon, coupant la faim, bref, un fruit qui les remplirait là où il faut. Leur existence aseptisée se partageaient donc entre manger des pommes pleines de pesticides, bavarder du vide de leur quotidien avec leurs compères identiques, puis finir leur journée dans un caisson cryogénique, pour maintenir leur plastique extraterrestre en bonne et due forme. Leur corps était un temple aux allures de mosquées, très décoratif mais vide à l'intérieur. 

Donc pour commencer, une fois ces quelques idées en tête, on essaie d'en extraire un personnage. Voilà mes premiers jets que je n'ai pas retenu pour la suite, mais les similitudes sont intéressantes à observer :

Oui bon ok le point commun, c'est le popotin. 

Et voici donc le personnage finalement retenu :

Bon ok, je vous sens venir là. Ça vous rappelle un peu...

C'est vrai qu'en dessinant je n'y ai pas du tout pensé, comme quoi l'inconscient, c'est pas des conneries ! En fait, les 101 Dalmatiens, film d'animation réalisé par les studios Disney en 1961, puis en film tout court en 1996, est le tout premier film que je suis allée voir au cinéma. Glenn Close, glaçante à souhait, y joue le rôle de Cruella d'Enfer, et finit [Spoil] engloutie dans un gâteau coloré géant. Fin aussi traumatisante que celle de Roger Rabbit et son méchant qui se met à se disloquer de manière complètement répugnante. Cruella serait donc peut-être l'initiatrice de mon goût pour les silhouettes déformées et poussées à l'extrême ainsi que pour la culture un peu noire. (bouuuuuh, so dark !) Quoi qu'il en soit, il faut admettre que c'est le personnage le plus intéressant du "dessin nimé", à côté du couple possédant la tripotée des 101 dalmatiens, qui sont affublés de la même tête que tous les autres personnages disney. (regardez attentivement le visage de chaque princesse disney, mis à part les cheveux et la couleur de peau, y a pas grand chose qui bouge)

Voilà pour le "Character Design", la création ou le dessin de personnage, qui se fait au brouillon puis sur une plus grande planche, généralement aquarellable pour ce qui est de la BD traditionnelle. Maintenant la couleur aura plutôt tendance à se faire sur ordinateur, mais il est toujours bon de maîtriser les bonnes vieilles techniques, comme pour la conduite avec un levier de vitesse ou l'argentique en photographie !

Une fois que vous avez donc l'histoire en tête, votre ou vos personnages sous la main, vous pouvez vous lancer pour le découpage de votre histoire. Pour ceci, pensez cinéma et faites attention aux différents plans utilisables. Chaque plan utilisé n'aura pas le même effet que son frère ! Par exemple, dans un western, un plan en plongée pourra insuffler le sentiment de la défaite du (généralement) méchant et au contraire un plan en contre plongée nous montrera un héros écrasant de triomphe et de fierté. Un plan rapproché pour montrer les émotions du personnage, un plan américain pour mettre en valeur le revolver à la ceinture etc etc.

Petit tuto imagé :

C'est parti pour le découpage de l’histoire au brouillon alors !