Arrêtons l'holocauste.

Cri du cœur du soir, bonsoir.

Journée d'appel 2013. Nous sommes à peu près cent jeunes regroupés "contre notre plein gré" à la base militaire pour effectuer notre service minimum, semblant d'éveil civique pour ces âmes majoritairement blasées à l'idée de tout sentiment patriotique ou civique ou quoique ce soit d'ailleurs. Mais là n'est pas la question. Je suis dans le groupe 3, avec un sergent de l'armée de terre et une officière de l'armée de l'air, pas très finauds mais relativement sympas et qui réussissent à nous faire avaler la pilule -et le ptit déj' gratuit érigé en mythe dans tout ce qu'on m'a raconté avant que je fasse cette fameuse journée. 
Où est-ce que je veux en venir ? Bonne question, cher lecteur. Je pense que l’événement qui a le plus marqué ma journée, et pas nécessairement dans le bon sens du terme, est mon passage au toilette. Non pas que j'érige le vidage d'intestin en pèlerinage sacré de ma journée. Non, ce qui m'a choqué quand je suis sortie des toilettes pour me laver les mains dans les lavabos crados de la base, ce sont les bruits que j'ai entendu. Puis, retour au silence et deux nanas sont sorties l'une après l'autre de deux cabines différentes pour se laver les mains, me regardant d'un air gêné. Elles étaient en effet en train de faire des cochonneries dans les toilettes, mais pas à caractère sexuel, ce qui aurait été préférable. 
Non, ces deux petites minettes à la mèche blonde proprette, moulées dans leur petit slim, leur Longchamp au bout du bras, étaient en train de se faire gerber. 




Alors, d'un côté certains me diront, c'est pas grave, elles ont peut-être mal digéré quelque chose, ou peut-être qu'elles avaient trop mangé et se sentait mal à cause de ça. Et bien moi je leur réponds, bordel de merde que NON ! Je ne me pose pas en tribunal divin des TCA, (Troubles du Comportement Alimentaire, pour les intimes) étant donné que moi-même en aie été victime. J'ai mis énormément de temps à m'en sortir, et aujourd'hui, j'envisage ma situation personnelle avec beaucoup plus de recul. Mon cas personnel n'est pas la question ici, car ma volonté n'est pas de déballer ma vie privée mais d'élargir la réflexion et de se demander AVEC VOUS, pourquoi ces jeunes filles qui possèdent tout ce qu'il y a de plus attractif dans l'attirail militaire naturel de la femme se foutent deux doigts dans la gorge et grattent jusqu'à ne plus rien avoir dans l'estomac.

Ma volonté ici n'est pas de faire une thèse. Ni de retomber dans les clichés facilement stigmatisables de : les mannequins sont trop maigres, l'identification des jeunes filles est donc tragiquement obligée de passer par là. Et bla, et bla, et bla.
Quand on arrêtera cette putain de course au jeunisme, quand on arrêtera cet affamement généralisé qui donne un prix à celui ou (et surtout) celle à qui on voit le plus d'os sous les vêtements, quand on révisera notre idée de la beauté et que l'on comprendra que la télévision pourrait et devrait refléter ce que l'on voit dans les rues de nos pays, là il y aura un progrès.

J'ai grandi avec et dans les magasines de mode. Je ne me considère pas comme un martyr, mais je vais vous montrer le type d'images de références qu'une collégienne, lycéenne voire femme adulte prend pour modèle : 


















 Constat premier : des silhouettes sympathiques, pas un pet' de graisse, du muscle, pas de seins, de longues jambes et des yeux débordant de désir. (ouuuuh) A première vue, on pense, mais ces minettes sont canons, je ne sais pas pourquoi elle s'excite cette mégère, alors qu'elle-même souhaiterait leur ressembler. Je ne nie pas ce constat et je ne nie pas trouver ces jeunes filles très belles et attirantes. Mais elles ne sont pas réelles. Je ne dis pas qu'il y a un complot entier contre la graisse dans le milieu de la mode, mais il y en a clairement un gros rejet et un manque de pluralisme esthétique. Je ne mène pas une croisade contre la maigreur. Je proteste contre les monstres que ces normes, ce dogmatisme esthétique produit, monstre dont j'ai fait partie pendant longtemps. 

Aujourd'hui, je ne suis pas parfaite, j'ai de la graisse en trop, un ptit bide, un peu plus de poitrine que l'on remarque même quand je mets des chemises d'hommes et que ça nique l'effet androgyne, mais je m'en FOUS. (oui j'ai aussi des moments de doute, mais je suis mille fois mieux dans ma peau que quand je pesais 5 kilos de moins)

Un deuxième exemple de ce que j'appellerai l'effet loupe, je l'ai rencontré il y a quelques jours sur le site d'une blogueuse-modèle amateure que j'apprécie beaucoup, Pandora. Très connue dans la blogosphère, voire dans le milieu de la mode, celle-ci affiche une silhouette qui tend plutôt vers les photos que je vous ai présentée avant, que vers un sumotori asiatique. Et bien, notez que quand on compare les photos de la mannequin qui a posé avec elle pour de la lingerie Chantal Thomass et les siennes, l'impression est saisissante  :








Et oui, on a l'impression que Louise (aka Pandora), la rousse, est rondouillette. Et bien non. L'une n'a pas une silhouette plus valable que l'autre. Et l'observation est transposable à la comparaison que vous établissez entre votre corps et ce que vous voyez dans vos magazines.

Bien sûr, je n'ai pas choisi de prendre les cas les plus extrêmes, car je tiens à montrer à quelle point cette influence des photos que nous voyons tous les jours est subtile, qu'elle s'insinue dans notre esprit non pas par un choc, mais par le désir, de façon onctueuse, vicieuse.



Pour continuer avec cette blogueuse, et dans la ligne de cette réflexion, un article qu'elle a écrit sur les origines de ce canon de la minceur : ici.

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